Crédits photographie : Visuel libre de droit

L’industrie du saumon voit l’avenir en rose

L’industrie est florissante.

A l’approche des fêtes de fin d’année, de nombreux articles et reportages chantent avec constance la même antienne : « manger du saumon d’élevage est dangereux pour la santé ». Pourtant, le saumon est devenu un met de plus en plus populaire, démocratisé par l’aquaculture (72% de la production mondiale) sur les côtes norvégiennes, chiliennes, écossaises et canadiennes.  Un tel succès peut s’expliquer par le fait que le saumon d’élevage répond aux problématiques posées par notre époque : nourrir davantage de personnes, plus sainement et de manière respectueuse de l’environnement. La population mondiale devrait atteindre près de 10 milliards d’individus d’ici 2050, avec pour corollaire une hausse de la demande de protéine. Or, si les ressources terrestres ne sont pas extensibles, seulement 5% des sources de protéines proviennent de la mer, alors que 70% de la surface de la terre est couverte par les océans. Le bénéfice santé du saumon est prouvé (riche en oméga 3 réduisant le risque de maladie cardiovasculaire) tout comme la préservation de l’environnement (il faut 2.000 litres d’eau pour produire 1 kilo de saumon contre 4.300 pour 1 kilo de poulet et plus de 15.000 pour 1 kilo de bœuf), et l’empreinte carbone est plus faible comparée au porc et au bœuf.

En tant que producteur, le potentiel de hausse du taux de pénétration de la consommation (2 millions de tonnes de saumon contre 123 millions pour le poulet et 71 millions pour le bœuf) couplé à un niveau d’industrialisation de la production le plus élevé parmi les espèces, offre des perspectives attractives. La principale difficulté réside cependant dans l’augmentation de l’offre en raison des risques biologiques résultant de la concentration des saumons dans l’eau, favorable au développement de maladies et de parasites comme le pou de mer (sealice). Afin de réduire ce risque, les producteurs cherchent à : 1) produire des saumoneaux (smolt) plus gros (sur la terre ferme) qui passeront moins de temps dans l’eau avant d’atteindre leur taille adulte ; 2) développer des programmes offshore (le saumon n’est plus élevé dans les fjords mais en pleine mer, l’un des projets phares étant Ocean Farm 1 de Salmar). La tendance est donc à une hausse des besoins d’investissement, largement compensée par des prix élevés. La raison ? L’offre n’arrive pas à suivre la demande. En effet, l’offre de saumon a crû de 6% de 2009 à 2018 et est attendue en croissance de 4% de 2018 à 2022E (d’après Kontali), soit un niveau inférieur à la demande, conduisant à une envolée des prix (le prix du saumon a monté de +120% depuis 2012, pour s’établir autour de 6.4EUR/Kg en décembre). Le saumon se vendant plus cher dans les linéaires que le poulet et le porc, les industriels doivent investir dans la catégorie pour continuer d’attirer le consommateur. Le leader du secteur, le norvégien MOWI (anciennement Marine Harvest) a même rebaptisé le groupe du nom de la marque (lancée récemment en Pologne et en France), avec un objectif ambitieux d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025.

Les performances financières sont au rendez-vous. MOWI gagne près de 2 euros du kilo et pèse 12 milliards d’euros de capitalisation boursière. Le retour de cash aux actionnaires est important, avec des rendements proches de 4-5% (non négligeable dans un contexte de taux d’intérêts bas/négatifs). L’industrie est florissante. A tel point que les autorités européennes de la concurrence et le département américain de la justice s’intéressent à la manière dont l’industrie fixe les prix. Avis de tempête en perspective ? Les producteurs sont confiants pour passer entre les mailles du filet et continuer à vendre leurs saumons à prix d’or.

Articles récents

Un bilan boursier peu flatteur pour Emmanuel Macron

Les investisseurs continuent d’ignorer le risque géopolitique

De Barbieland à Wall Street : la dangereuse illusion des investisseurs