Coronavirus : le monde de la culture frappé de plein fouet
Le confinement impose un éloignement des scènes publiques.
"C'était la dernière séance. C'était la dernière séquence. Et le rideau sur l'écran est tombé." La chanson d'Eddy Mitchell s'applique désormais à tous les cinémas de quartier. Sans exception. Le plaisir du popcorn du vendredi soir s'en est allé, en même temps qu'une large part de nos libertés individuelles. Dans le monde du cinéma, déjà en proie à des déchirements idéologiques après la consécration de Roman Polanski, la dernière victime en date est le festival de Cannes, repoussé au mieux en juin ou juillet. C'est triste mais c'est comme ça : on n'assistera pas cette année, en plein coeur du mois de mai, aux défilés sans soutifs d'illustres inconnues ou d'autres, rangées dans les placards, qui veulent se rappeler à nos bons souvenirs...
Tout fout l'camp, ma bonne Dame ! Bien évidemment, les théâtres ont eux aussi baissé le rideau et les concerts sont annulés, étant donné qu'à l'instar de l'Allemagne, tous les rassemblements de plus de deux personnes devraient bientôt être officiellement interdits en France (c'était 5.000 il y a peu). Les vernissages n'animent plus les vieilles rues de Paris. Les commissaires d'expositions masquent de nouveau les oeuvres. Et les musées ont mis l'Histoire sur pause, abandonnant la Joconde à une solitude qu'elle ne connaissait jusqu'ici que le lundi.
Alors, évidemment, le virtuel s'était déjà invité dans les maisons et les appartements bien avant l'émergence d'un virus issu d'un mauvais pangolin. L'usage des jeux vidéos en ligne va encore exploser, les artistes qui viendront performer en live dans votre salon vont se multiplier, et après l'Italie et la France, Pornhub Premium va devenir gratuit dans la plupart des pays. Comme quoi on aura pas tout perdu.
Reste, pour les moins saligots, la volonté de se cultiver, de relire Homère (qui ?), de se replonger dans Guerre et Paix, que nous avions lâchement abandonné à la 714e page, d'essayer de comprendre ce qu'il y a dans Musso qui se vend si bien... En tout cas, dans cette période de confinement que d'aucuns qualifient de tragique, les livres, c'est bien comme le papier-toilette (sans refaire le parallèle avec Musso) : mieux valait en avoir en stock car il est désormais impossible de s'en procurer. Récemment, le géant Amazon a annoncé qu'il limitait son activité sur les produits essentiels. En ligne avec notre époque, les livres n'en font évidemment pas partie.